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La Revue Targoum 

 En seulement huit numéros de janvier 1954 à mai 1956, la revue Targoum a pris sa place parmi les revues intellectuelles francophones les plus innovantes de l’après-guerre.

Sur la couverture du n°1, on peut lire « Et si la voix s’est tue… l’écho n’est point tari », référence claire à la volonté de surmonter l’épreuve de la Shoah. Le mot Targoum désigne la traduction du texte biblique en langue araméenne pour le rendre intelligible aux Juifs exilés qui ne connaissaient plus l’hébreu, au retour de la dispersion de Babylone. Le choix du titre se veut une volonté de transmission et d’ancrage dans les textes juifs pour une génération qui n’en possède plus les clés. La revue veut s’attacher à la « traduction du sens ». Comme l’exprime poétiquement le texte anonyme qui inaugure la revue, « Et c’est dans mon écho en cascades sonores que tu t’en viens apprendre le secret de la voix qui s’est tue ». 

Le puissant éditorial de la première livraison, lui aussi signé collectivement,  se termine par ces mots : «… affirmer notre volonté d’être Juifs intégralement sans l’être égoïstement ». 

La liste des 44 contributeurs à la revue est impressionnante avec notamment Joël Askénazi (Manitou) et son frère Joël, Liliane Atlan, Henri Atlan, Gérard Israël, André Chouraqui, Stéphane Mosès, André Schwartz-Bart, Carlo Suarès, Renée Neher-Bernheim, Jean Zacklad,...On note aussi la présence de huit femmes parmi ces auteurs, proportion importante pour l’époque. Beaucoup des participants à la revue sont directement issus de l’expérience de l’Ecole des cadres Gilbert Bloch d’Orsay, creuset du monde intellectuel juif français. On les retrouvera d’ailleurs dans l’aventure des Nouveaux cahiers(Voir Les Infos de la bibliothèque de l’Alliance n° 1)