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I. Ville 2. Démographie juive et patrimoine


La composition ethnique des quartiers à Monastir change à la suite de deux incendies en 1863 et 1868. Ceci est un tournant pour la population juive. Habitant jusqu’au milieu du 19ème siècle en grande majorité dans les cortijos, espèces de « ghettos » orientaux, les Juifs se dispersent désormais dans les autres quartiers et se mélangent avec les autres communautés sans s’éloigner pour autant du centre-ville.

Par ailleurs, selon les données de D. Lévy, nous savons que sept cortijos échappent à ces incendies : Basehan, Benvenisté, grand [cortijo], petit [cortijo], Rillo, Talmud-Tora et Medrassé. Pour David Lévy, ces habitations sont primitives, isolées et une honte pour l’image des Juifs dans la ville ! Ces cortijos sont habités par 600 familles, soit la moitié de la population juive en ville. Les Juifs seraient 6000 à Monastir, ce qui fait d’eux un groupe minoritaire vis-à-vis des communautés grecque (35 000) et musulmane(s) (environ 20 000). Enfin, la disparition de ces quartiers ne tardera pas parce que 300 familles de cortijos, subiront une terrible incendie. Les secours qui viennent de l’Autorité ottomane et du Comité central de l’Alliance israélite sont remarquables et la souscription ouverte aboutit à la construction de nouveaux bâtiments pour les sinistrés, 72 familles sur 300, dans la périphérie. C’est ainsi que le projet de gentrification se réalise de manière involontaire.

Quant au patrimoine juif à Monastir, nous n’avons malheureusement pas de traces aujourd’hui.  D. Levy cite huit synagogues dont trois sont anciennes. Parmi lesquelles, celles d’Aragon et de Portugal dénotent assez bien l’origine sépharade des juifs de Monastir. Ensuite, deux écoles de l’AIU s’élèvent à Monastir à la fin du 19ème début du 20ème siècle. De nos jours, l’héritage le plus concret de cette communauté décimée durant la Shoah est le cimetière juif situé dans le nord-est de la ville. Celui-ci fait l’objet d’un projet mémorial qui vise à sa transformation en « Parc mémorial » à Bitola aujourd’hui.