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3.4 Tentatives de quitter Shanghai


Les réfugiés pensaient que leur séjour à Shanghai ne serait qu’une étape vers d’autres contrées plus clémentes. À leur arrivée, ils découvrent une ville dévastée : la bataille de Shanghai, en août-novembre 1937, a été la plus acharnée de la guerre sino-japonaise. Des quartiers entiers de la ville sont en ruines. Cependant les concessions internationale échappent en partie et pour un temps à l’occupation japonaise. Elles sont considérées par les Orientaux comme des vestiges du colonialisme européen. Ironie de l’histoire, les réfugiés juifs fuyant les nazis vont se retrouver sous la coupe de leurs alliés japonais qui heureusement refusent la Solution finale.

À peine arrivé, Klémens ne songe qu’à quitter Shanghai où il n’a jamais eu l’intention de s’insérer. Il tente, avant Pearl-Harbour, de s’installer en Indochine pour une raison professionnelle floue. Pour y parvenir, il envisage de s’engager dans la Légion étrangère. Pour cela, il demande à son frère de se renseigner sur les possibilités de la rejoindre. « Mais fais vite,écrit-il à son frère, avant que je dépérisse. Vous avez tout le temps, moi non. » (lettre du 29 décembre 1939). Son projet n’aboutira pas.

 Réfugiés européens à Shanghai  Evènement historique 

1938/39 

16 000-18 000  

Juifs allemands et autrichiens fuyant le Nazisme

1942 

20 000- 25 000 

Début de la guerre du Pacifique 

1945 

15 000 

Fin de l’occupation japonaise-Gouvernement chinois du Guomindang

1949 

2 000

Fin du Guomindang . Prise de Shanghai par l’armée communiste de Mao Zedong 

1952 : Fin de la présence juive à Shanghai : seuls demeurent sur place 570 grands malades ou handicapés pris en charge par le JDC (American Jewish Joint Distribution Committee). 614 partent pour Israël et 870 pour d’autres destinations.

 

Après la Libération, les tentatives de Klemens de quitter la ville ont pris une nouvelle ampleur. Il recherche désespérément un visa d’entrée tous azimuths et d’abord pour la France afin de rejoindre son frère et sa famille. Il se sent dépendant de son frère pour obtenir un visa qu’il n’obtient pas alors qu’il a consacré ses forces et ses économies à réunir les papiers nécessaires (photos et documents personnels). Impatient, Klemens trouve que Joseph ne s’occupe pas suffisamment de lui faire obtenir un visa. Son impatience ne cesse d’augmenter. Il craint de ne pouvoir partir alors que de nombreux réfugiés quittent journellement Shanghai. En réalité, en 1946, seulement 3300 apatrides sur 15 000 ont trouvé le moyen de partir.
 
Il a recours sans succès à des organisationsde secours juives telles que l’HIAS (Hebrew Immigrant Aid Society), l’HICEM (qui succède à l’HIAS) et l’UNRRA (United Nations Relief and Réhabilitation Administration).
 
En 1946, il obtient un visa pour Saint-Domingue, mais il n’y part pas , car il pense venir en France. Il tente vainement de partir pour l’Australie et pour les États Unis : iI est inscrit sur une liste d’attente pour ce dernier pays, mais malheureusement sur le quota polonais qui est peu important en nombre.
 
Les raisons pour lesquelles il n’est pas retourné en Autriche demeurent peu claires. Légalement, ayant recouvré la nationalité autrichienne que lui avait retirée les Nazis en 1938, il pourrait y revenir. Il semble avoir fait la démarche par l’intermédiaire de la France. En fait Klemens ne souhaitait pas vraiment revenir dans son pays pour des raisons aisément compréhensibles. Finalement, après quatre ans de démarches infructueuses, il se résout à partir pour Israël quelques mois avant l’entrée des troupes communistes de Mao Zedong à Shanghai le 25 mai 1949.


La visioneuse vous permet de parcourir le Fonds Klemens Schapira AP 67- A.