3.1 Shanghai en 1939 : une situation politico-militaire très complexe

Shanghai est un des rares endroits où des réfugiés peuvent se rendre sans visa. Quand Klemens y arrive, une partie de la ville est occupée par les Japonais depuis 1937. Il vit durement sa situation de réfugié. 

 

 

Imbroglio sino-japonais

Grâce à leur supériorité militaire, les puissances européennes ont imposé au gouvernement chinois l’octroi de «concessions» par le Traité de Nankin signé en 1842. Les concessions sont des territoires chinois qui échappent au contrôle du pouvoir central. À Shanghai, il en existe deux : la Concession internationale et la Concession française. Ces territoires jouissent d’un statut d’exterritorialité, ce qui signifie que toute personne , de n’importe quelle partie du monde, peut venir y vivre sans visa, sans passeport. Les réfugiés juifs ont “profité“ de cette situation exceptionnelle pour s’y installer. 

Les Japonais occupent depuis 1937 la ville chinoise, les concessions étrangères échappant pour un temps à l’occupation. Klemens arrive dans une ville à moitié détruite par la guerre sino-japonaise. Paradoxalement les Juifs qui ont fui les Nazis se retrouvent à l’autre bout du monde sous l’autorité des Japonais qui sont par ailleurs leurs alliés. 

À l’arrivée des réfugiés, pas de véritable administration pour distribuer les permis de séjour, si bien que les quelques milliers de Juifs européens passent pratiquement inaperçus au milieu des 100 000 Chinois que les Japonais ont forcé à se réfugier dans les concessions étrangères. 

Naturellement Klemens , en tant que juif et apatride, se sent concerné par cet état de fait compliqué. ll espère trouver un emploi dans une fonderie chinoise en espérant que les Japonais ne vont pas tenté un coup de force avant le 7 juillet 1939 (lettre du 30 juin 1939). L’entrée en guerre des État-Unis le 11 décembre 1941 a des répercussions désastreuses sur la vie des réfugiés juifs : les troupes japonaises prennent alors le contrôle des concessions et administrent désormais directement l’ensemble de la ville de Shanghai. 

 

Les pouvoirs politiques à Shanghai		Présences étrangères
1927- 1937	République de Chine	Concession française  Shanghai International Settlement	1849- 1943  1863- 1941
1937- 1945	Empire du Japon
3 septembre 1945- 1949	République de Chine	Présence américaine
27 mai 1949- à nos jours	République populaire de Chine

 

Shanghai d'après-guerre et les hostilités chinoises

 

Malgré la fin de l’occupation japonaise, la situation des réfugiés ne s’améliore guère : les nouvelles autorités chinoises trouvent encombrants ces européens qu’ils considèrent comme une charge. Par ailleurs les réfugiés ne songent qu’à quitter un pays où ils n’ont rien à faire. 

Pour Klemens commencent des années de désespérance et d’incertitude car il n’arrive pas à obtenir un visa alors que les autorités chinoises le harcèlent pour qu’il quitte le plus rapidement possible Shanghai. Dans une lettre de Joseph à Klemens en date du 27 novembre 1948 , il est question du départ des derniers Américains qui va aggraver la situation des derniers réfugiés encore à Shanghai que Joseph compare à celle des Français en 1940, après la défaite militaire.